LES BALLETS RUSSES ET LE CHÂTELET
Crédits photo : lVaslav Nijinsky – le faune dans l’Après-midi d’un Faune au Théâtre du Châtelet en 1912
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Inauguré il y a plus de cent soixante ans, le Théâtre du Châtelet a toujours entretenu un lien privilégié avec la danse.
En 1909, la danse y brille de mille feu avec la première soirée entièrement consacrée aux Ballets Russes de Serge Diaghilev, dans le cadre de la Saison Russe Opéra & Ballet dirigée par Gabriel Astruc – le futur directeur artistique du Théâtre des Champs Elysées.
Du 18 mai au 18 juin 1909, pendant 1 mois et plus de 24 représentations, les Ballets Russes rencontrent un succès immédiat.
Le public découvre alors les Danses Polovtsiennes, Le Festin, les Sylphides, Cléopâtre chorégraphiés par Mikhaïl Fokine, dans des décors et costumes somptueux signés Alexandre Benois et Léon Bakst.
Cette saison marque le début d’une nouvelle ère pour la danse
une danse plus libre, expressive et chargée d’émotions.
Après le passage des Ballets Russes au Châtelet, l’art chorégraphique ne sera plus jamais le même.

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Serge de Diaghilev, l’amoureux des arts
Serge de Diaghilev dit Serguei Pavlovitch est né en 1872. En 1909, à 37 ans, il est déjà célèbre en Russie comme critique d’art et dénicheur de talents. Il se donne pour mission de promouvoir le meilleur des arts russes en Europe. Ses terrains de prédilection sont la peinture, la musique et la danse : pour lui, l’art n’a pas de frontières. Avec cette première Saison Russe, il fonde les Ballets Russes dont il sera le directeur artistique pendant plus de vingt ans. Il y exprime sa vision du ballet comme un art total. Tout est important.
« Je vois qu’il vous est utile et même nécessaire d’apprendre à connaître de cette façon tout ce que la terre a de plus beau, si vous voulez devenir un artiste vrai »,
–Diaghilev s’adressant au danseur Serge Lifar.

Chaque ballet est une œuvre d’art totale
Le point de départ créatif de Serge de Diaghilev est la commande de partitions musicales à de grands compositeurs qu’il affectionne : Chopin (Les Sylphides), Stravinsky (L’Oiseau de feu, Petrouchka), Debussy (L’Après-midi d’un Faune), Erik Satie (Parade), Ravel (Daphnis et Chloé), Prokofiev, Poulenc…
Les premières créations des Ballets Russes seront 100% russes comme son nom l’indique.
Le premier chorégraphe, Mikhaïl Fokine, incarne cette nouvelle ère. Il est ensuite rejoint par Vaslav Nijinski, Léonide Massine, George Balanchine et Bronislava Nijinska – la seule femme chorégraphe de la troupe.
Aux côtés de ces créateurs, les interprètes russes du Théâtre Mariinsky — Anna Pavlova, Tamara Karsavina, Vera Fokina, Nijinski — fascinent le public parisien.
Les décors et costumes, eux, sont sublimés par les plus grands peintres : Léon Bakst, Alexandre Benois, Pablo Picasso, Joan Miró… marquant ainsi l’arrivée des peintres pour les décors.
L’amour de Diaghilev pour toutes les formes d’art fait naître un ballet d’un nouveau genre.

1909, les premières vibrations russes au Châtelet
En juin 1909, la scène du Châtelet accueille les premières vibrations russes. Les 24 représentations sont à guichets fermés. Chaque soir, pendant moins d’une heure, 2800 spectateurs découvrent le meilleur de l’art russe.
Sous la direction de Mikhaïl Fokine, Anna Pavlova brille dans Cléopâtre, Tamara Karsavina envoûte dans Les Sylphides, et Nijinski bouleverse dans le rôle de l’esclave.
Le succès est immédiat.
Le monde de l’art et intellectuel parisien s’enflamme, ébloui par la puissance expressive des danseurs et le raffinement des décors.
“Les danseurs des Ballets Russes nous ont rappelé tout à coup que le ballet peut nous donner des émotions profondes. Ils ont excité l’enthousiasme et le public ne se lassait pas de les acclamer.”
– Extrait du journal ‘Le Théâtre” de juin 1909.

Une histoire qui continue
De 1909 à 1917, les Ballets Russes se produisent quatre fois sur la scène du Châtelet, pour un total de 56 représentations et 12 créations mondiales.
Parmi elles :
– Les Danses polovtsiennes du Prince Igor (1909) – chorégraphie de Mikhaïl Fokine, musique d’Alexandre Borodine
– Petrouchka (1911) – chorégraphie de Fokine, musique d’Igor Stravinsky, décors d’Alexandre Benois
– L’Après-midi d’un Faune (1912) – chorégraphie de Nijinski, musique de Debussy – œuvre scandaleuse à sa création
– Parade (1917) – chorégraphie de Massine, musique d’Erik Satie, livret de Jean Cocteau, décors et costumes de Picasso
Le Théâtre du Châtelet devient alors un véritable écrin pour cette effervescence artistique. Les Ballets Russes ont révélé que la danse pouvait être un art moderne et libre, au carrefour des disciplines.

Photo de couverture de la rubrique « Historique et Patrimoine » sur le site officiel.
Pour aller plus loin,
- « Les Ballets Russes de Diaghilev. Quand l’art danse avec la musique », écrit sous la direction de Jane Pritchard aux éditions Monelle Hayot.
- Cahiers de Vaslav Nijinski
- « L’Après-midi d’un faune – Vaslav Nijinski », écrit par Thierry Malandain, Chefs d’oeuvre de la danse – aux éditions LaScala / Micadanses.
- Dossier de Presse de l’exposition « Dans le sillage des Ballets Russes », par Florence Poudru, avec le Centre National de la Danse.
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Dorothée de CabisSole
Dorothée est la fondatrice du podcast Tous Danseurs.
Après une première vie professionnelle bien remplie, elle a décidé de mettre son énergie et ses savoir-faire au service de la danse.
Vivre ses rêves et être en mouvement.
Le beau, la culture, les arts vivants sont essentiels. Nous avons tous un rôle à jouer.
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