L’interview de Fleur Copin,
aka Kika Revolver,
danseuse au Crazy Horse

Crédits photo : Virginie de Clausade (Fleur Copin)

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Fleur Copin est Kika Revolver depuis 4 ans sur cette scène mythique du Paris éternel, le Crazy Horse.
Danseuse de formation classique, Fleur se réinvente constamment au gré des projets artistiques.

Qui es-tu Fleur Copin ?

« J’habite à Paris et je suis danseuse au Crazy Horse.
Kika Revolver est mon aka du Crazy Horse. Kika a seulement quatre ans (ndlr : cet entretien a été réalisé en avril 2021).
L’univers de la danse est tout petit avec beaucoup de danseurs, donc beaucoup de demandes pour très peu d’offres. Il faut savoir être polyvalent, pluridisciplinaire. C’est un vrai atout, donc je travaille dessus. Chanter, danser, jouer la comédie, on doit pouvoir tout faire. »

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Au Crazy, tu as plusieurs solos, peux-tu nous en parler ?

« J’ai mes solos préférés donc je suis la plus heureuse du monde.
Tout d’abord Good Girl. La good girl, ce sont les rideaux de perles, les bijoux, la fille qui voyage entre Paris et New York, qui ne pense qu’à s’amuser, faire la fête et séduire les hommes.
Ensuite Laser qui est beaucoup plus « dark* ». Elle est sur une roue qui tourne comme prise dans ce tourbillon. Il fait chaud, il y a de la fumée, et un laser la transperce.
Et pour conclure Rougir De Désir, un solo glamour. Tout se déroule sur une banquette. Je l’imagine sur son balcon, allongée sur cette banquette, dans la nuit et éclairée par la lumière de la lune. Elle est un peu romantique. Je me raconte que son amoureux ne reviendra pas le soir. Je me fais des petites histoires. Ce sont trois gros solos que j’adore. »
* sombre

Fleur Copin

Comment s’effectue la transmission d’un rôle au Crazy Horse ?

« Lorsque l’on apprend un solo au Crazy, nous sommes assez libres de mettre l’émotion, la touche personnelle et la personnalité que l’on veut. C’est pour cela que chaque soliste et chaque numéro est unique. On ne va pas l’interpréter comme la copine. Tout est très singulier. 
Par exemple, concernant Rougir De Désir, c’est un numéro qui a été créé par Philippe Decouflé sur des danseuses, dont Zula Zazou, qui était une ancienne du Crazy. Ce numéro est très romantique et sensuel. Cela ne s’arrête jamais, le mouvement est continu. Nous avons des bagues, des bracelets, une jarretière et un petit tour de chevilles. La lumière infrarouge vient attraper nos accessoires et par cet artifice, illumine notre corps et notre visage. Ce solo est également mystérieux. Au début, on dévoile une épaule, une hanche, les cheveux, les yeux. Tu peux décider de montrer ce que tu veux. Si tu ne veux montrer que tes yeux, tu ne peux montrer que tes yeux.
La Crazy Girl est intense, elle fait tout. Elle fait tout très intensément. C’est un équilibre fragile entre sensualité et sexy. On est sexy, mais on est plus sensuelle que sexy. »

« La Crazy Girl, elle fait
tout intensément. »

Comment devient-on une danseuse du Crazy ?

« Il y a une formation intensive qui dure deux mois.
Le Crazy efface ce que tu as été et recommence à zéro. Une fois qu’ils ont tout ce qu’ils souhaitent, ils peuvent commencer à rajouter ce que tu étais avant. Ils n’effacent pas, ils mettent « ces éléments » dans une boîte. On t’apprend à avoir la technique Crazy, le cambré, le port de tête, les épaules, le play-back, les yeux, danser les cheveux lâchés tout le temps, chose que finalement nous ne faisons pas beaucoup. On danse souvent les cheveux attachés, très bien tirés.
Une fois que la formation est finie, on t’autorise à réouvrir la boîte et à récupérer tes affaires du passé. À être un peu toi. À être une Crazy Girl unique, celle que tu as envie d’être. »

Y a-t-il un langage Crazy ?

« Le langage Crazy est très construit. Surtout au niveau des postures. Il y a ce fameux cambré Crazy qui est très douloureux (avec un peu de recul, je peux le dire), mais il fait vraiment la différence. La façon de s’asseoir, de poser ses mains est aussi propre au Crazy. La façon de se toucher également. Et le regard. Je ne pensais pas que c’était si percutant mais les yeux sont très importants parce que tu transmets beaucoup de choses avec un regard.
Tous ces codes Crazy, la façon dont tu vas bouger tes doigts, toucher tes cheveux, je l’ai beaucoup observé sur les anciennes. »

Intégrer le Crazy Horse, c’est aussi faire avec son corps et accepter de danser nu. Cela a été un sujet difficile ?

« Je pense que si tu demandes à n’importe quelle danseuse du Crazy Horse, elle va te répondre que la pudeur n’est pas un problème. Nous ne sommes pas très pudiques.
Mais, au Crazy, le sujet n’est plus de se dénuder dans les loges mais surtout d’être complètement nu sur scène. On n’en parle pas, on ne se le dit pas, on ne dramatise pas et donc c’est très naturel. La nudité est tellement désacralisée, tellement pure et parfaite parce que nous sommes protégées par les lumières, par cette scène qui est en hauteur, la musique, l’ambiance, les costumes. Tu te sens tellement jolie. »

Pourquoi as-tu été choisie Fleur Copin ?

Les critères physiques du Crazy sont la taille et les proportions.
La personnalité de la fille et sa technique sont également des éléments importants.
La technique, c’est 50% du travail.
Ils sont très attentifs aux lignes. A l’esthétique des lignes de jambes et de pieds.
Et le visage. Tous les visages ne vont pas au Crazy. Il y a des codes secrets que je ne connais pas. Ils ne se trompent jamais.

Fleur Copin

C’est quoi être danseur ?

« C’est être artiste à part entière. Créer, imaginer, mettre en pratique, et être complet.
Le danseur n’a pas besoin d’une scène pour danser. Je l’ai appris ces derniers temps (ndlr : lors du confinement lié à la crise sanitaire de la Covid-19). Tu peux danser dans ta chambre. Tu peux danser dans un tout petit endroit, dans 10m2. C’est pénible, mais tu peux le faire. C’est la force d’adaptation du danseur.
Le danseur s’adapte à tout. Par expérience, je le vois de plus en plus. Un danseur peut tout faire. C’est un couteau suisse qui s’adapte à toutes les situations. »

« Le danseur s’adapte à tout.
Il peut tout faire. »

Extraits du podcast EP.57. Propos recueillis par Dorothée de Cabissole
Les artistes qui l’inspirent
  • Yohann Hebi Daher
  • Mehdi Kerkouche
  • Léo Walk
  • Camille Lellouche
sa playlist
  • Good Girl, création du Crazy Horse
  • Bachelorette de Björk
une tenue pour danser

Un jogging gris et un crop top blanc, tous les deux tâchés parce que les danseuses du Crazy Horse se maquillent légèrement le corps pour cacher les bleus et les petites imperfections.

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Dorothée de CabisSole
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