L’interview de Noé Soulier,
Danseur, chorégraphe et
directeur du CNDC D’ANGERS

Crédit photo : Helge Krückeberg pour Noé Soulier

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Noé Soulier est danseur, chorégraphe et directeur du Centre National de Danse Contemporaine d’Angers. Noé a été formé dans plusieurs écoles du mouvement : le Conservatoire National de Musique et de Danse de Paris, l’Ecole Nationale du Ballet du Canada et P.A.R.T.S à Bruxelles. Avec sa mission de directeur au Centre National de Danse Contemporaine d’Angers (CNDC), il repense en profondeur la pédagogie de la transmission pour mieux coller au monde de la danse d’aujourd’hui.

Noé Soulier, quels sont les sujets que tu souhaites investir en priorité au CNDC d’Angers ?

Il y a beaucoup de sujets que j’ai envie d’investir. Tout cela peut s’imaginer par le côté protéiforme de cette institution. Ce que je trouve génial, c’est d’avoir une école dans un théâtre et dans un lieu de création. Nous accueillons des artistes pour montrer leur travail dans la saison et pour venir en résidence. Je développe aussi mon propre travail avec des danseurs dans ce lieu. Et puis, il y a l’école. L’idée est de créer des synergies entre toutes ces dimensions. Ce que je trouve passionnant, c’est que l’on peut inviter les mêmes artistes mais dans des rôles très différents. Nous allons souvent inviter un même artiste à montrer une pièce, venir créer et à intervenir auprès des étudiants. Cela crée une école qui est en prise directe avec la création, avec des artistes qui ne sont pas forcément des pédagogues, mais qui partagent leur recherche et leur travail le plus actuel avec les étudiants.

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“J’ai l’impression d’avoir toujours été très ému par le mouvement.”

Comment définirais-tu ton approche de la formation de la danse au sein du CNDC ?

La formation est organisée autour de plusieurs axes qui ne sont pas cloisonnés. Il y a toutes sortes de liens les uns avec les autres. Ils structurent la formation. Un des axes est autour des pratiques du corps. Ce sont les ateliers avec tous les artistes qui vont venir partager leurs œuvres, leurs processus de création et leur démarche avec les étudiants. Il peut aussi y avoir des pièces de répertoire. Nous avons fait le choix de ne pas remonter avant les années 60. Nous n’allons pas enseigner les grandes techniques modernes, Graham, Cunningham, etc. Les techniques et les approches du mouvement du corps qui ont été développées depuis les années 60 sont encore extrêmement présentes chez de nombreux chorégraphes et artistes d’aujourd’hui. Sans ses approches, il est difficile de se repérer en tant que danseur et de prendre part à un certain nombre de pratiques chorégraphiques aujourd’hui. Cet axe peut également inclure des pratiques non-chorégraphiques qui ont accompagné le développement de certains courants chorégraphiques, par exemple les arts martiaux ou le yoga. Un autre axe est autour de la composition du corps.

Noé Soulier portrait
Crédit photo : Wilfried Thierry

Pourquoi le mouvement est si important dans ta vie ?

C’est une bonne question. Je pense qu’il y a une question de personnalité. J’ai l’impression d’avoir toujours été très ému, très touché par le mouvement, les attitudes corporelles, les postures, par la manière dont quelqu’un aurait tourné la tête ou par sa démarche. Je suis fasciné par tout cela. J’ai l’impression d’avoir un lien affectif qui est centré sur le mouvement, sur l’expérience de mon propre mouvement et beaucoup le fait d’observer les mouvements des autres. Il y a une dimension que je ne saurais pas expliquer mais c’est comme cela.

Qu’est-ce que tu aimerais pour la danse ?

Cela dépend à quel niveau. Ce que j’adore dans la danse contemporaine c’est qu’elle nous surprend toujours, elle ne va pas là où on l’attend. J’aime que la danse contemporaine continue à me surprendre. Je pense que la danse est vraiment un art essentiel aujourd’hui. C’est un art qui peut nous aider à appréhender les mutations incroyables que connaît notre rapport au corps, au mouvement, à notre propre expérience corporelle. Il y a des mutations technologiques folles qui vont à une vitesse incroyable. Il y a des mutations sociales comme les gestes barrières, porter le masque par exemple. Ce qui m’a frappé dans cette situation récente, c’est que le fait de ne plus toucher, de ne plus embrasser, de ne plus voir les visages des gens a eu un impact sur la perception que j’avais de mon propre corps. J’ai l’impression que l’expérience que l’on a de notre propre corps passe beaucoup par le corps des autres. J’ai eu l’impression que mon corps s’effaçait, disparaissait et que mon expérience dans ma propre présence au monde était en retrait.

Noé-Soulier-Les-Vagues-trait-bleu
Crédit photo : José Caldeira

“IL Y A DANSE DèS QUE LE CORPS DEVIENT L’objet de notre attention.”

Ce podcast s’appelle Tous Danseurs, qu’est-ce que cela évoque pour toi ?

Pour moi, il y aurait mille définitions possibles de la danse. J’ai l’impression qu’il commence à y avoir de la danse dès que l’on est dans un rapport à notre corps, à notre expérience de notre corps ou du corps des autres. Dès que le corps devient l’objet de notre attention. Nous l’avons tous vécu. De ce point de vue-là, personne n’est pas danseur. Cette expérience-là, c’est l’un des modes de rapport à soi le plus énigmatique, mystérieux et riche que l’on ne peut connaître. Il y a des gens qui ne se sentent pas danseurs mais je pense que ce sont des merveilleux danseurs de l’intimité, pour eux-mêmes.

Extraits du podcast EP.59. Propos recueillis par Dorothée de Cabissole
Ce qu’il écoute
  • Princess Nokia
  • Pour faire du mouvement, L’art de la Fugue de Bach, la version de Pierre-Laurent Aimard
Il aimerait entendre dans le podcast
  • Marlène Monteiro Freitas
UN LIVRE SUR LE MOUVEMENT

Une anthologie des écrits et des interviews de Bruce Nauman : Please pay attention, please

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Dorothée de CabisSole
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